Se présenter au monde
(001) : Sixième fils né dans cette famille, inutile de dire que la venue d'Augustus venait prendre des titres en plus que ses frères ne pourraient plus avoir, à leur plus grand damn lorsqu'ils seraient assez vieux pour le comprendre. Avec ce nom, cette identité, le jeune Augustus s'est toujours senti de trop, d'avoir pu ne pas être là et que cela aurait rien changé. Les années allaient lui donner bien entendu raison. Enfant de l'hiver, il s'est toujours bien reconnu dans cette période de l'année et porte dans son coeur cette saison. Il adore la neige et adore le vent frais et frisquet, apportant cette promesse de renouveau sous peu. Il se complait également à se raconter cette histoire que feue, sa tendre mère adorait lui raconter, à savoir que lorsqu'il est venu au monde, il a crié presque aussi fort qu'Éole, comme s'il voulait s'assurer qu'il allait se faire remarquer, se faire entendre. Un souvenir à la fois doux et amer qui le fait continuer dans cette existence puisque ses parents ne lui ont jamais réellement permis de profiter de l'hiver, à cause de cette satanée santé soi-disant fragile.
(002) : Le diagnostic tombe après une course après quelques années passées à grandir et à devenir un petit bout d'humain de moins en moins joufflu. La course ayant déclenché une violente crise d'asthme, le petit prince est ramené en urgence entre les murs du palais, dans les bras d'un de ses aînés, l'aimant assez pour se rendre compte que l'enfant n'est pas dans son état normal. Le docteur arrive à contrôler cette crise, mais devant le regard sévère de son père, Augustus comprend que rien ne sera plus la même dans la demeure familiale. C'est alors que va débuter ses longues années que plus tard, il va appeler ses années de poulailler, tellement il s'est senti comme un oeuf qu'une poule particulièrement assidue, couvait sans relâche. Fini les jeux et les courses. Fini les chamailleries entre frères. Désormais, le jeune prince sera cantonné dans les bibliothèques, à regarder ses frères s'amuser dans les jardins, se comporter comme des enfants insouciants alors que lui, il devrait se trimballer avec un prototype d'inhalateur, qu'il finirait par délaisser pour des cigarettes d'opium et de chanvres des années plus tard. Ce serait lors de ces premiers jours, à les regarder par la fenêtre que la jalousie s'installera dans son coeur. Cette jalousie qui brûlera toujours un peu plus à chaque année, tellement qu'elle en fera naître de l'ambition d'être le meilleur dans le coeur de son jeune enfant. Il ne le sait pas encore, mais il s'agira du feu qui alimentera presque chacun de ses choix dans les années à venir.
(003) : Confiné en intérieur, il fait rapidement un caprice afin d'avoir des précepteurs et de pouvoir passer le temps. Ce n'est pas parce qu'il doit se plier à ce diagnostic que celui-ci va l'arrêter. Dès qu'il est en âge de recevoir un précepteur, ceux-ci défilent dans la demeure royale afin de lui apprendre tout ce qu'ils savent. Heureusement pour eux, ce que le jeune prince ne possède pas dans sa capacité physique, il le compense par une très grande sagesse, une soif d'apprendre et une intelligence relativement élevée. Profitant clairement de son temps libre, il passe des jours entiers à la bibliothèque, parcourant tous les livres possibles et inimaginables. Lisant des mémoires de grands officiers de l'armée britannique, les exploits de guerre de sa famille, il se fascine rapidement pour les échecs et en devient un joueur accompli. Il simule également des batailles sur les cartes royales, travaillant son esprit de tacticien. Il sera dès lors surpris par un de ses précepteurs qui réussira, en jouant de ses relations, à donner des cours de stratégie guerrière de la part d'un très bon ami (voir même amant selon ce qui se chuchotait dans les couloirs des serviteurs) général des armées. Inutile de dire que le jeune Augustus s'est vite jeté dans ces affres des connaissances. Il en conserve une très grande connaissance, un malin plaisir à déstabiliser les gens par tout ce qu'il a pu apprendre par les années et des connaissances poussées dans certaines langues. Trilingue, il arrive à s'exprimer en allemand, remerciant pour le fait ses études dans une université allemande, il parle également couramment l'italien, remerciant cette fois ses hivers passés en Italien et bien entendu, sa langue maternelle, l'anglais. Récemment, il s'est développé un intérêt pour le français. Son accent anglais bien que légèrement présent, il arrive à s'exprimer dans cette langue de manière plus correcte, mais cela l'énerve plus que grandement de ne pas arriver à cacher ses maladresses linguistiques.
(004) : Têtu au possible, la condition du jeune prince ne l'empêchera pas de vouloir s'entraîner. On ne lui fournira pas une éducation militaire? On ne lui fournira pas des cours allant avec? Sans problèmes. Il reprendra l'opportunité lors de ses années d'études en engageant les gens les plus susceptibles de lui enseigner ce qu'il a besoin de savoir. Ainsi, il est passé devant un champion de boxe des pubs, apprenant à se battre et à rendre les coups. Il a réussi à également, sous le remboursement d'une dette après avoir aidé la jeune fille d'un maître d'escrime, à obtenir un enseignement en combat des lames. Clairement, il s'agit ici d'une vengeance de la vie. Bien entendu, inutile de dire que les crises se sont fait violentes, souvent et qui l'ont incapacités plus d'une fois. C'est une des raisons du pourquoi il a réussi à mettre la main sur des quantités plus tôt illégales des cigarettes de chanvre et d'opium qu'il fume afin de calmer son système. Bien que cela ne soit pas parfait et qu'il déteste l'effet que ces petits bâtons de libertés ont sur lui, il se dit qu'il n'a pas le choix. Aujourd'hui encore, il conserve ces entraînements, voulant conserver un corps sain malgré ce qu'il pourrait définir comme étant tare. Dès qu'il a pu battre de ses propres ailes, il a réussi à engager les services d'un homme qui a désormais l'habitude de la santé précaire et fragile du prince. Celui-ci l'a suivi toute sa vie, en échange d'un excellent salaire pour venir s'assurer que Augustus reste dans une forme plus qu'acceptable.
(005) : Idéaliste, il s'est rapidement dit qu'il ne ferait jamais rien comme tout le monde. Déjà, ses hivers passés en Italie, une chose tout d'abord proposé par un médecin et qui finalement, d'année en année, est devenu une habitude. La famille royale avait de la famille, une demeure a été aménagée pour les besoins du prince et de ses longues vacances hivernales. La vie étant plus facile, il a donc commencé à laisser de côté son côté plus grognon et il s'est ouvert un peu plus sur le monde. Tout d'abord un enfant un peu boudeur, renfermé sur lui-même, brillant malgré tout, il commençait tranquillement à discuter avec les gens et de pouvoir rencontrer de nouvelles personnes. C'est un jeune prince adolescent qui commencera à s'intéresser aux femmes durant un de ces voyages en Italie. Bien entendu, ayant plus l'habitude avec les livres et les instructeurs que la gente féminine, ses premières approches seront des échecs sans plus, mais à la longue, il prendra davantage confiance en lui et il réussira à devenir un homme reconnu pour son côté charismatique et légèrement charmeur. Ne cherchant pas nécessairement épouse, ni à courtiser, étant bien trop jeune de toute manière, il tentera de faire ses propres expériences. Il réussira à arracher quelques sourires et quelques rires polis, mais cela n'ira jamais plus loin non plus. Une fois adulte, il ne sera pas nécessairement plus pressé que cela de trouver une femme. Bien entendu, convoité comme il pouvait l'être( quelle mère ferait une croix sur un prince royal même s'il a une santé fragile?) il ne se priait pas pour participer aux fêtes, de danser et de pouvoir discuter poliment. Son premier amour cependant, il est arrivé bien des années plus tard, sans qu'il ne puisse l'imaginer ni même le voir arrivé.
(006) : Il n'avait pas prévu que lors d'un ces hivers passés en Italie, il croiserait le regard de celle qui le ferait changer d'avis sur le mariage. Pas qu'il ne souhaitait pas se marier, seulement il se disait que ce n'était pas une urgence. Fille de comte, il avait suffit de quelques rencontres et de quelques conversations pour que les jeunes gens tombent amoureux l'un de l'autre. Âgé dès lors de 30 ans, le prince succombe à la tentation et sans même réfléchir, les deux amoureux vont se passer la bague au doigt à Rome, accélérant tout le processus sans vraiment se poser de questions. Bien entendu, c'était sans compter que cela commencerait leurs problèmes. Lorsque les nouveaux époux ont voulu rentrer dans la demeure du prince afin de pouvoir vivre leurs vies dans un monde qui était le leur, Sa Majesté le roi leur a rappelé que leur mariage, n'étant pas approuvé par la couronne, ne pouvait pas avoir lieu d'être. De rage, de colère, le prince a donc tenté de faire entendre raison à son père, mais rien n'y changea. Rompre, devoir recommencer et ce mariage qui ne serait qu'un bref souvenir... c'était la seule option pour la Couronne. Chose que refusa Augustus. Ainsi, il se refusa à rentrer. Il passera du temps dans cette demeure d'hiver pendant quelques années, avec sa femme, se disant qu'il finira par avoir raison de son père. Qu'il verrait que l'amour devrait compter plus que des décrets et tout le reste. C'était sans compter que son père soit aussi têtu que lui, il semblerait. Ce serait lors de l'annonce de la mort de la Reine, annonce qui bouleversera Augustus, que sa femme l'incitera à rentrer, à tenter de réparer ce qui avait été cassé.Les années n'avaient pas été de tout repos, la maisonnée avait été bercées de quelques pleurs d'enfants mais jamais aucun n'étaient restés. Perdu, ne sachant plus quoi faire, le prince ordonnera donc que l'on remette en ordre Sussex House afin de rentrer à la maison et de tenter de régler le tout. Malheureusement pour lui, le destin lui réservait un dernier coup tordu. Un qu'il n'avait pas prévu. Celle de la perte de son aimée. Ce sera seul que le prince rentrera lorsqu'hiver sera terminé. Seul, l'âme en peine qu'il passera le pas de cette porte qu'il avait pensé passer à deux. Et il rentrera juste à temps afin de pouvoir réparer les pots cassés avec son paternel, celui-ci le quittant 2 années après son retour.
(007) : Reclus, il passera les années suivants ces grands bouleversements dans sa demeure de campagne à gérer ses affaires. Recevant presque personne, redevenant cet ours bourru qu'il avait été dans sa jeunesse, il ne voudrait voir personne, ne voudrait parler à personne. Il s'accorderait le privilège de construire une bibliothèque immense et il y passera de nombreuses heures, de nombreux jours à y être enfermer. Lisant des livres, rédigeant ses mémoires afin de pouvoir laisser quelques traces derrière lui. Très peu intéressé par la vie mondaine, il ne se présenterait que lorsqu'il n'aurait pas le choix et se contenterait d'arborer une froide politesse avant de s'éclipser dès qu'il le sera possible. Son domaine sera la seule chose qui l'intéressera réellement. Il occuperait toujours sa fonction à la chambre des Lords, assurant cette fonction depuis l'avènement de son aîné sur le trône, mais sans plus. Sans grande joie, le regard froid. Les murmures se font sur son passage et les rumeurs vont bon train. Le prince ne sera jamais plus le même. Il ne sera jamais plus une option pour ces mères qui cherchent un bon parti. Quelque chose s'est brisé en lui et il n'est plus l'esprit flamboyant que l'on lui connait.
(008) : Sa Majesté le roi, afin de sortir son frère de son mutisme et de cette torpeur qui semble le diriger depuis quelques années, aura la bonté de lui confier la présidence de la Royal Society of Arts en 1823. Bien entendu, cela fait en sorte que Augustus doit se déplacer plus souvent, sortant de son domaine afin d'en assurer ce rôle. Cependant, son frère verra juste, faisant de lui un patron des arts de la sorte, cela aura un effet apaisant sur sa personne et il pourra se redécouvrir par le biais de ce mandat. Ayant toujours adoré les arts depuis sa tendre enfance, il s'était tout d'abord clamé artiste, voulant devenir un peintre de renom. Malheureusement, n'en ayant pas le talent, il en deviendra un très grand consommateur. Enchaînant les visites dans les galeries d'art, il s'est permis d'avoir des artistes et des toiles favorites, cherchant même parfois à les acquérir. Il sera un très grand amateur de la collection de la Couronne, allant la visiter presque à chaque semaine dans sa jeunesse, habitude qu'il reprendra avec son mandat de présidence. Ce serait avec ce mandat qu'il redeviendra plus doux et habitué au contact avec les autres, l'incitant de ce fait à participer à la prochaine saison, comme étant un test pour lui.
(009) : Cette fameuse saison de test, comme il s'est plu à l'appeler, n'a pas été quelque chose de très extravagant. Certes, il s'est présenté, certes les mères ont tenté de lui mettre le grappin dessus, mais il s'arrangeait toujours pour ne serait-ce qu'afficher un intérêt poli, sans courtiser, sans aller plus loin. Certes, certaines jeunes femmes ont fait bonne impression sur lui, lui laissant même parfois un doux sourire lorsqu'il se remémorait leurs conversations, les danses qu'il a pu avoir. Les rumeurs comme quoi le prince serait toujours brisé, toujours cet homme qui ne peut oublier son passé continueront à faire leurs chemins et la saison se terminera alors que le prince regardera d'un air vaguement amusé les annonces de mariage, se plaisant à voir les arrangements qui se font. Les jugeant peut-être un peu de son côté, également. Mais bon, il est humain. Et il a fait un mauvais mariage, selon certains. Alors il en a le droit, non?
(/010) : L'enfant brûlant de jalousie pour ses aînés à refait surface lors du couronnement de son frère. Comment pourrait-il en être autrement? L'homme qui a eu un scandale prouvant qu'il ne pouvait pas être apte à monter sur le trône le fait quand même? En entendant cette nouvelle, Augustus serait entré dans un colère certaine, claquant la porte de son bureau à Sussex House. Inutile de dire que les serviteurs passant par là ont haussé le sourcil devant la colère de leur maître, sans en comprendre la cause. Le prince aurait fait des pas et des pas dans son bureau, tentant de trouver une solution, tentant de montrer au monde, que même s'il aimait son frère puisqu'il était son sang, il ne pouvait pas laisser un homme de si peu d'honneur et de si peu de vertu accéder à un poste de pouvoir. Tous les dirigeants se devaient d'être juste et surtout, mais alors surtout d'être digne. Augustus aurait tant donné pour être à sa place et surtout, il n'aurait pas fait des maladresses de la sorte. Il n'aurait jamais fait ce que son frère avait fait. Jamais.
L'ironie de la solution lui parvint alors qu'il relisait d'un air absent des vieux papiers sur son bureau, donc la chronique de Miss Miranda. Son frère cherchant une épouse? Il pourrait en faire de même non? S'il arrivait à avoir une femme et un héritier avant lui, il aurait peut-être une chance de faire jouer la situation en sa faveur. Il ne fallait pas se tromper, il n'était pas nécessairement intéressé à faire du mal à son frère. Juste, il ne le jugeait pas apte à adopter la fonction qui était la sienne. Bien entendu, devant tous, Augustus applaudirait comme tout le monde, félicitant son frère, comme un bon frère se devrait le faire. Mais dans l'ombre, dans son coeur, des projets différents verraient le jour.
Ce serait donc décidé, le duc de Sussex, son Altesse royale reprendrait part à la prochaine saison dans le but de trouver une épouse. Une jeune ingénue qu'il pourrait faire croire qu'il est un bon parti, qui n'aurait pas entendu les rumeurs sur lui. Une femme qui pourrait lui donner un héritier afin qu'il puisse remettre la couronne dans le droit chemin. Et puis... histoire de réchauffer son coeur seul depuis trop longtemps. Il n'aurait pas dans l'espoir nécessairement de retrouver l'amour, sachant que c'était l'histoire d'une seule fois et qu'il avait déjà vécu la sienne. Au moins, s'il arrivait à pouvoir chérir un petit bout d'humain, aimer ce qui serait son sang et sa chair... peut-être cela apaiserait son âme blessée et meurtrie.