Be careful what you wish for. (Alexander)

Se présenter au monde

Alexander venait de prendre possession du bureau de feu le Comte Spencer, son père Edmond Spencer. Il ouvrit le premier tiroir où il trouva une montre gousset en or, il la prit en main et un sourire consterné s'afficha sur son visage. Il se souvient de cet objet de la discorde, un héritage de l'illustre famille Spencer, dont certains membres de la famille se disputaient la propriété. En fin de compte, c'est Edmond qui en hérita, n'était-il pas le Comte, celui à qui tout revient ?  Le petit Alexander âgé de 8 ans avait eu la mauvaise idée de l'emprunter, n'était-ce pas un objet de famille ? C'était un enfant bien naïf à cette époque, un enfant qui comprit que son père était loin d'être aussi doux que sa tendre maman. Le petit garçon n'éprouvait qu'une seule chose vis-à-vis de son géniteur, de la peur qui au fil du temps se transforma en mépris. Heureusement, Alexandre pouvait compter sur l'amour et la douceur de sa mère.

Alexander est toujours en train d'inspecter ce premier tiroir, il y retrouve un ancien encrier. Il s'en souvient très bien de cet objet, celui-ci se trouvait encore sur le bureau lorsque son père lui annonça qu'il serait envoyé en pension ainsi que son petit frère et sa petite sœur. Une annonce malvenue, le décès de la comtesse remontait à moins d'un mois. Pourquoi ne pouvait-il pas rester à la maison pour recevoir une éducation auprès de professeurs particuliers ? Il n'était pas commun pour un fils de Comte d'aller en pension. Cependant, cette expérience lui permit d'élargir son réseau et soyons honnête, d'avoir une autre vision du monde dans lequel il vit. Il prit également gout au sport comme l’escrime et l’aviron. Alexander ne connait pas l'oisiveté, il ne s'ennuie jamais. Passionné d'astronomie, de sciences-politiques, mais par ailleurs de littérature en général, il a une pile de livre sur son bureau qu'il dévore volontiers lors de sa retraite à la campagne. Il accepte volontiers les parties d'échecs, cela lui permet tout simplement de passer un bon moment avec un bon ami.

Le deuxième tiroir renfermait une bouteille de whisky, Alexander se servit un verre, il en avait grandement besoin. Un peu plus tôt dans la journée, il avait découvert des documents enfermés dans une malle. Comment la famille Spencer avait pu tomber aussi bas ? Son géniteur avait laissé tomber sa famille, déshonoré son rang, ils étaient ruinés ou presque. Certes ils continuaient à vivre comme de vrais aristocrates, mais les créanciers n'attendraient pas. Le nom Spencer inspirait confiance alors il repoussait sans cesse l'échéance, ne sachant pas jusqu'où il pourrait tenir, Alexander avait abandonné l'idée d'un mariage d'amour pour un mariage de raison.

Au fil des années, Alexander s'est forgé une réputation dans le monde, tantôt arrogant ou vaniteux, il est fier de son rang et de son titre. Voulant à tout prix être l'opposé de son père, il tient à ses nombreux principes. C'est de là que vient son côté guindé, on dit de lui qu'il ne sait pas s'amuser, mais il ne fait pas attention à ce qu'on peut dire de lui surtout sur cet aspect de sa personnalité. C'est également un travailleur, il n'abandonne pas, enfin pas avant d'avoir le sentiment d'avoir tout tenté. Alexander n'a qu'une parole, encore une fois, hanté par le fantôme de son père qui ne respectait aucune de ses promesses.

Alexander arrive au dernier tiroir, celui-ci est fermé à clé. Perplexe, il effleure sa moustache qu'il porte fièrement. Il force la serrure et retrouve de multiples documents. Des reconnaissances de dettes, encore et encore. Quel bel héritage légué par cet homme qu'il ne peut appeler "père" mais Alexander aimait trop sa famille pour les laisser tomber, il était prêt à endosser ce titre aussi lourd que prestigieux que celui du cinquième Comte Spencer, Vicomte Althorp.